Agial Gallery – Beyrouth
Mars 2012
Des paysages en art, nous avons une vision trop raisonnable ; deux plans superposés fendus par une ligne d’horizon. Le trait de plaine, de mer ou de montagne qui sépare l’air et la terre traduit dans notre esprit une frontière. C’est que le paysage est une affaire de territoire que le dessin, par ses contours, délimite et que la couleur, par ses tons, connote.
Sara Badr Schmidt réduit le genre à son plus vaste dénominateur commun : le ciel. Pour constituer la série Borderless, l’artiste a simplement photographié des pans bleus percés par l’indéchiffrable profusion des nuages. Les cieux, captés au cours de différents voyages, sont imprimés sur toiles et transposés dans des boites lumineuses. Les formes abstraites des plus hautes sphères sont retranscrites dans plusieurs langues : « Arrabbiata », « Lagom», « Hello », simples vocables qui contextualisent ces tableaux aériens. Pour Sara Badr Schmidt, chaque ciel a son vocabulaire. Les images, plastiquement objectives, sont ainsi relevées par des mots-souvenirs. Le paysage sans frontière est néanmoins rattaché à l’une des composantes les plus fortes du territoire : la langue. L’équilibre entre forme idéelle et verbe confère à Borderless un pouvoir de suggestion sans limites. Concrètement, les œuvres se présentent sans cadre et propagent autour d’elles une aura, un halo, une atmosphère. more