Ma première rencontre avec Sara Badr fut déterminante dans le choix de cette exposition. Je rencontrais une jeune fille effacée mais curieuse, pleine de vie mais réservée; une volonté farouche d’arriver au but. La passion de Sara pour le graphisme – sa formation à l’ALBA puis à Paris – son amour des couleurs, son éducation partagée entre la réserve luthérienne de l’éducation maternelle et les émotions controlées de l’éducation paternelle proche orientale, poussaient la jeune Sara à vouloir exprimer sous une forme ou une autre des sentiments ou des émotions jusque là prisonniers.
La peinture lui apporte une objectivité qu ‘elle ne savait jusqu’alors pas décliner. Malgré sa formation de graphiste, Sara fait passer au premier plan les ambiances de couleur. Un récent séjour au Canada joua comme un révélateur dans la quête du non-dit. C’est ce premier travail réalisé dans le but d’une exposition voulue, réfléchie que le Centre Culturel français et la Société Générale sont heureux de vous présenter.
La relation de Sara aux arts plastiques est originale. Cette exposition est pour notre jeune artiste (jusqu’alors restée dans sa propre intimité picturale) une première confrontation aux autres. Le public joue ici le rôle de miroir; l’artiste a besoin de ce dialogue. Le texte qui vient compléter l’expression du subconscient de l’artiste joue ici un rôle fondamental. Chaque toile recèle un texte autobiographique; ce n’est pas un commentaire juxtaposé mais un deuxième niveau d’expression qui n’a de véritable révélation qu’à l’intérieur du tableau. C’est comme cela que Sara Badr veut nous faire partager son « extérieur et intérieur ».
Née à Stockholm, d’origine libano-suédoise, bercée dans son enfance par une famille qui partage son temps et sa culture (parents, frère, soeur) entre la Suède, la France et le Liban, Sara entretient une relation affective avec la France.
La Franche-Comté, la Bourgogne, l’Ile de France sont des terres où elle se ressource. Des USA elle retient sa passion pour Robert Motherwell, dont l’intérêt pour les grands formats et les collages ne sont certainement pas étrangers aux démarches de notre artiste.
Réceptive aux couleurs de Scandinavie et de la côte libanaise, aux douceurs provinciales de la France, aux sons mystiques d’un Jean-Sébastien Bach, Sara nous offre avec sa première exposition une sorte de confessions intimes qui augurent certainement un futur prometteur.