Sara Badr : un cycle du second degré
Beyrouth, 5 février 1999
Sara Badr présente au CCF, et jusqu’au 26 février, une installation intitulée « Circuit invisible ». Encastrées dans des boîtiers, onze toiles, qui constituent un parcours biographique.
« Ce sont différentes étapes d’une vie, l’histoire d’une évolution, où chacun peut se reconnaître », indique l’artiste. Position fœtale, naissance, épanouissement du corps, crise d’identité. Des toiles abstraites où la peinture se mélange aux feuilles d’or, aux branches d’arbres, à des pièces métalliques ou encore à des morceaux de miroir, pour impliquer davantage le visiteur.
Les peintures pour la plupart des diptyque, sont numérotées de un… à zéro. « La onzième porte le numéro zéro car elle reprend la première toile et referme assis la boucle », précise Sara Badr. « Il y a une suite, puis une suite à la suite, jusqu’à l’infini. »
Graphiste de métier, elle explique que « dans le graphisme, je ne peux pas traduire mes états d’âme. Je crée des projets en respectant les directives ou les souhaits des clients », dit-elle. « Je crois que c’est cela qui m’a donné envie d’évacuer ce que j’avais en moi, de montrer ce que je fais. J’écris et je peins, poursuit-elle. Pour mon installation, j’ai eu envie de mêler les deux. »
Ainsi, des réflexions poétiques ou philosophique sont dissimulées dans les toiles. Pour les lire, il faut regarder par un judas. Il y en a un sur chaque toile, il suffit de le trouver. il faut se pencher ou se jucher sur une pierre ; cela dépend de l’endroit où a été placé l’œilleton métallique. Le parcours se termine dans une pièce cubique. Là, plus besoin de coller l’œil au judas. Le texte est bien visible, sur un miroir qui s’étale sur tout un mur.
Sara Badr précise que « les textes n’ont pas été écrit pour ces toiles. « Si je les ai associés aux toiles, c’est que quelque part ils se faisaient écho ».
« J’avais d’abord pensé mettre les textes sur la toile, puis j’ai choisi de les cacher, souligne Sara Badr, pour que les gens ne soient pas obligé de les voir, mais choisissent de le faire. C’est comme dans une rue : si on a envie de voir ce qui se trouve derrière une façade, de regarder à l’intérieur d’une maison, il faut sonner à la porte ».
Pour Sara Badr, l’idée du judas, symbole de l’œil, « m’est venue naturellement. Je pense que l’œil est le meilleur moyen d’accéder à ‘l’intérieur’ de quelqu’un, affirme-t-elle.
Ainsi le visiteur est invité à s’impliquer dans ce « Circuit invisible ». Comme quoi, l’art interactif, c’est donnant-donnant.