Invasion de douceur
Décembre 2021
par Doris Barbier
Photos by Nina Slavcheva
Avec ses œuvres d’art sous forme de tapis colorés et poétiques, Sara Badr Schmidt réussit aussi bien dans les salons que dans les galeries internationales.
Cette artiste cosmopolite a grandi au Liban et en Suède et vit actuellement en France. Ce programme contrasté est le fil conducteur de toutes ses créations.
« Dans mes deux pays d’origine, les tapis sont un élément important de la décoration intérieure, même s’ils sont fabriqués dans des matériaux différents en raison du climat – la laine en Suède, la soie au Liban. » Des tapis de toutes les formes et de toutes les couleurs ont déjà marqué son enfance : Sara Badr Schmidt conçoit des tapis comme on n’en voit jamais. Avec beaucoup d’intuition et en s’inspirant de rencontres fortuites – une flaques dessence sous la pluie, une scène religieuse du Quattrocento, des formations nuageuses cotonneuses et, encore et toujours, la mer dans toutes ses nuances de couleurs. Elle trouve également ses motifs dans la vie quotidienne à Paris, sur son vélo en direction de son atelier dans le légendaire quartier de Saint-Germain-des-Prés, lors d’une promenade avec sa chienne Pixelle ou lors de voyages dans les fjords suédois de son enfance. Ses tapis – de précieuses pièces pour les nomades – sont des pièces uniques faites à la main en laine, soie et cachemire et sont conçues par elle comme une robe de haute couture. « C’est pourquoi je dois me donner du temps, j’aime m’imprégner de l’endroit pour lequel je dessine le tapis. Je le fais intuitivement. Et si mes clients me donnent carte blanche, c’est encore mieux. »
Son imagination ne connaît alors aucune limite : des mosaïques éblouissantes de soie et de cachemire pour un appartement de ville avec terrasse, une thérapie de choc en couleurs contre l’élégance et la simplicité feutrées de Paris ou un match de tennis à Roland Garros, les internationaux de France, se retrouvent alors sur ses créations de tapis.
Et chacune d’elle est en même temps une ode au monde multiculturel dans lequel elle a grandi. C’est pourquoi elle aime expérimenter avec des matériaux innovants comme le bambou et le bananier, les fibres d’ortie ou le lin. Aujourd’hui, ses œuvres textiles sont exposées non seulement à Paris au Grand Palais, mais aussi à la galerie Agial de Beyrouth, à la galerie Morone de Milan ou à l’étranger à la galerie FD Shim de New York.
Une chance pour l’artiste, dont les créations textiles, fabriquées au Népal et en France, visent non seulement à jeter des ponts entre des mondes, des religions et des philosophies différents, mais aussi à faire tomber les préjugés et les frontières.
NB : les talons hauts, les bottes et autres chaussures sont considérés comme superflus dans son monde. Il va sans dire que les gens ont envie de découvrir ses créations pieds nus.